La journaliste de télévision russe de 39 ans Olga Romanova, présentatrice d’une émission politique sur REN-TV a été écartée de la chaîne après avoir publiquement dénoncé mardi des cas de censure sur cette même chaîne. Suite à cet incident, elle a déclaré vouloir se pourvoir en justice dans le but de « créer un précédent et voir si la loi est appliquée en Russie ». En effet, la journaliste souhaite l’ouverture d’une enquête criminelle contre « ceux qui l’ont empêché de faire son travail de journaliste ». Cependant, elle affirme également craindre pour sa vie et celle de ses enfants se sentant suivie et observée depuis le dépôt de sa plainte.

Olga Romanova a été interdite d’antenne par le nouveau directeur général de la chaîne Alexandre Ordjonikidzé, et même empêchée physiquement d’entrer dans le studio par trois gardes de sécurité pour avoir, selon ses déclarations, reproché à la direction de lui interdire la diffusion de reportages susceptibles de déplaire au gouvernement russe. Dans les faits il s’agit plus précisément d’un reportage sur le fils du ministre de la Défense Sergueï Ivanov, qui après avoir été poursuivi par la justice pour avoir tué une femme au volant de sa voiture a finalement été blanchi, que la chaîne a refusé de diffuser.
La journaliste a tout de même reçu le soutien de certaines personnalités comme celui de l’ex-président soviétique Mikhaïl Gorbatchev qui considère que depuis cet incident la chaîne a perdu l’indépendance et la liberté de ton qu’elle était une des seules à avoir conservé. En effet, en juillet dernier, un changement de propriétaire est intervenu au sein de REN-TV. Elle appartient désormais en majorité à deux grands groupes russes, l’un pétrolier, l’autre sidérurgique, qui sont assez proches du Kremlin, cette alliance faisant craindre une probable immixtion du gouvernement dans la télévision. Pour les opposants au gouvernement, l’éviction de la journaliste s’apparente à une réelle attaque contre le principe de la liberté de la presse dans laquelle les droits des journalistes ont été bafoués.

Pour sa défense, la chaîne REN-TV nie avoir renvoyé Olga Romanova pour sa prise de position en affirmant avoir agi pour des questions d’audience. En effet, selon les dirigeants, des modifications étaient indispensables pour remédier à la baisse du taux d’audience enregistrée par la chaîne depuis quelques temps. Toutefois, Olga Romanova n’est pas un cas isolé puisque d’autres journalistes ont subi le même sort qu’elle, ce qui ne présage rien de bon pour la liberté d’expression des médias russes.

Céline MIOCHE