Facebook accusé de faire passer ses profits avant la sécurité de ses utilisateurs

Introduction :

Lorsqu’on parle de Facebook, il est devenu impossible de ne pas évoquer sa puissance économique dans le monde à l’heure actuelle. Le géant américain du numérique compte des milliard de visiteurs mensuels, possède d’autres réseaux sociaux (Instagram, Whatsapp etc..) et sa croissance ne cesse d’augmenter, le rendant toujours plus puissant.

Cependant, les pratiques utilisées par Facebook sont beaucoup critiquées, dénoncées et remises en question.  

En effet, qu’il s’agisse de pratiques déloyales ou de mauvaise gestion des données personnelles, Facebook se retrouve souvent au cœur de polémiques. 

C’est le cas, en l’espèce, d’une nouvelle polémique dont une ancienne employée de ce géant des réseaux sociaux a dénoncé les pratiques.

Les graves accusations d’une ancienne employée de Facebook : la lanceuse d’alerte

Frances Haugen est ici la protagoniste principale. Surnommée la « lanceuse d’alerte », cette ancienne ingénieure chef de produit de Facebook est à l’origine du scandale de septembre 2021 selon lequel Facebook ferait passer les profits avant la sécurité de ses utilisateurs.  

Employée chez Facebook depuis 2019, elle travaillait au département « intégrité civique », ce qui est en rapport avec tous les risques auxquels les utilisateurs peuvent être exposés du fait des contenus publiés ou les problèmes que représentent certains utilisateurs eux-mêmes dans le cadre des élections, autrement dit, à la lutte contre la désinformation. 

En effet, l’ancienne employée a affirmé que le géant du numérique serait responsable de la diffusion de contenus haineux ou incitant à la colère des internautes, des accusations jugées comme « ridicule » par le grand patron Mark Zuckerberg. 

C’est dans le journal « Wall Street » que Frances Haugen a fourni une série de documents qu’elle avait emportés avec elle lors de son départ de l’entreprise en mai 2021. Mais aussi à la « Securities and Exchange Commission » (SEC), le gendarme de la bourse américaine mais aussi des élus tel que le sénateur Richard Blumenthal. De ces documents ont découlé un certain nombre d’enquêtes et d’articles visant à définir si Facebook fait réellement passer les profits avant la sécurité de ses utilisateurs. Elle a ensuite confirmé ses accusations lors d’une interview dans « 60 minutes » diffusée par la chaine CBS.

C’est principalement le réseau d’Instagram qui est pointé du doigt dans les critiques à l’encontre de Facebook. Effectivement, ce réseau serait à l’origine d’un mal-être psychologique et de problèmes d’image de soi. La lanceuse d’alerte accuse aussi Facebook d’avoir rendu possible la prise d’assaut du Capitole du 6 janvier par le regroupement et les contenus présents sur ce réseau.   

Ces accusations assez importantes et graves à l’encontre de cette puissance mondiale ont amené la trentenaire devant la Commission au commerce du Sénat des États-Unis. 

De la fourniture de documents au Wall Street Journal au passage devant le Congrès américain

Le 5 octobre 2021, devant la commission sénatoriale américaine, l’ancienne employée de Facebook a énoncé les raisons l’ayant poussé à quitter cette puissance mondiale, à savoir le fait que les budgets étaient trop limités ou encore la quantité de problèmes dans les pays en développement pour lesquels elle ne pouvait suffisamment agir à son goût.

« J’ai eu l’impression que, face à des conflits d’intérêts, entre ses profits et la protection des utilisateurs, Facebook choisissait de façon répétée ses profits »

Contrairement à d’autres employés de Facebook qui ont porté plainte, Frances Haugen a mis en place une stratégie dont l’efficacité peut difficilement être remise en cause. 

En effet, on peut dire que sa méthode d’action a été bien articulée : remise des documents au journal « Wall Street », puis apparition à la télévision suivi de l’audition devant la commission sénatoriale. 

Afin de décrédibiliser la puissance mondiale de Facebook lors de son audition devant la commission et de gagner en crédibilité dans ses propos, F. Haugen utilise la comparaison de l’industrie du tabac pour décrire son ancienne entreprise et dénoncer l’absence de réaction de la part du gouvernement. Ces propos ont été bien reçus par le sénateur démocrate du Connecticut Richard Blumenthal, adepte des critiques sur la Silicon Valley. 

L’action contre Facebook menée par F. Haugen, ancienne employée, est certainement le début, ou la continuité d’une grande série de lanceurs d’alerte. 

Effectivement, un deuxième ancien employé de Facebook dénonce vraisemblablement les mêmes choses que Frances Haugen à savoir le fait que l’entreprise fasse passer les profits avant la modération des contenus problématiques publiés sur la plateforme. Cette accusation a été faite le 13 octobre 2021 dans une déposition devant le Congrès américain, soit une semaine après la première de son ancienne collègue. 

Les deux témoignages allant dans le même sens par leurs dénonciations similaires voire identiques, les propos de Frances Haugen prennent alors encore plus de crédibilité et l’impact ne sera que plus grand. 

La réponse attendue et prévisible du géant du numérique 

« L’argument selon lequel nous mettons en avant du contenu qui rend les gens en colère, pour des profits, est complètement illogique. Nous faisons de l’argent avec les publicités, et les annonceurs nous disent sans arrêt qu’ils ne veulent pas voir leurs publicités au côté de contenus nuisibles ou véhéments. Et je ne connais aucune compagnie technologique qui se fixe de développer des produits rendant les gens en colère ou déprimés. »

Ces propos ne sont autre que la réponse de Marc Zuckerberg, alias le grand patron de Facebook à l’encontre duquel sont portées les accusations des lanceurs d’alerte. Propos qu’il a tenus quelques heures après l’audition de l’ancienne employée Frances Haugen devant la commission parlementaire.  

Pour accentuer sa défense, celui-ci souligne l’importante quantité d’employés responsables de la lutte contre les contenus préjudiciables travaillant chez Facebook ainsi que l’importance des recherches sur leur impact sociétal. Cette réponse était absolument prévisible de la part de Mark Zuckerberg accusé de détenir le monopole du contrôle de son entreprise par son ancienne employée. 

Le projet de création d’une version d’Instagram pour les moins de 13 ans avait déjà été suspendu par l’équipe de Facebook, projet suspendu mais dont Frances Haugen affirme que ce projet verra le jour tant l’investissement de la nouvelle génération est importante pour ce géant du numérique. 

La porte-parole de Facebook n’a pas cessé de réagir afin de répondre aux accusations dont l’entreprise Facebook devait faire face notamment sur Twitter où elle exprime son désaccord avec les propos tenus par l’ancienne employée Frances Haugen qui n’a « pas travaillé dans la protection des enfants (…) ». La porte-parole assure cependant être du même avis que celle-ci lorsqu’il s’agit d’attendre du gouvernement une réaction afin de mieux réguler internet. 

Par ailleurs, le sénateur R. Blumenthal avait déclaré vouloir relancer un projet de loi pour encadrer strictement l’utilisation des réseaux sociaux par les mineurs. 

De plus, la responsable des politiques de contenus du réseau social de Facebook avait elle aussi tenu à défendre l’entreprise en répondant a F. Haugen. La stratégie pour laquelle celle-ci a opté semble être la contre attaque, pas d’excuses, en démentant chacun des propos tenus par l’ancienne employée alias la lanceuse d’alerte.  

En outre, il semblerait que le combat contre le contenu publié sur Facebook ne soit qu’à ses débuts et que les critiques à l’égard de Facebook ou des décisions prises par Mark Zuckerberg ne cessent de s’accumuler. Il convient de se demander si toutes ces critiques et accusations ont réussi ou s’apprêtent a réussir à fragiliser l’un des réseau social le plus puissant du monde ou si justement ce géant du numérique est aussi invincible qu’il laisse paraitre. Affaire à suivre…

 

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SOURCES  

LE MONDE, AFP ET REUTER,

  • « Mark Zuckerberg assure que Facebook ne favorise pas les profits aux dépens de la sécurité », publié le 6 octobre 2021, accessible via www.lemonde.fr
  • « Une lanceuse d’alerte accuse Facebook de « choisir le profit plutôt que la sécurité » de ses utilisateurs », publié le 3 octobre 2021, accessible via www.lemonde.fr/pixels
  • « Facebook mis en cause par un nouveau lanceur d’alerte », publié le 23 octobre 2021, accessible via www.lemonde.fr/pixels

LE LOUP D., PIQUARD A., 

  • « L’idée que Facebook place les profits avant les gens est fausse », publié le 9 octobre 2021, accessible via www.lemonde.fr
  • « Devant le Congrès américain, une lanceuse d’alerte compare Facebook à « l’industrie du tabac » et appelle à sa régulation », publié le 5 octobre 2021, accessible via www.lemonde.fr
  • « La « lanceuse d’alerte » de Facebook témoigne devant le Sénat américain », publié le 5 octobre 2021, accessible via www.lemonde.fr/pixels
  • « Facebook : Frances Haugen, une lanceuse d’alerte à la démarche très structurée », publié le 5 octobre, accessible via www.lemonde.fr/economie
  • « Facebook : les critiques s’accumulent », publié le 6 octobre 2021, accessible via www.lemonde.fr/pixels

FRANCE INFO ET AFP, « Facebook : la lanceuse d’alerte à l’origine d’une importante fuite de documents sort de l’ombre », publié le 4 octobre 2021, accessible via www.francetvinfo.fr

FRANCE 24, « Facebook : la lanceuse d’alerte Frances Haugen exhorte le Congrès à mieux réguler le réseau social », publié le 5 octobre 2021, accessible via www.france24.com

ANDRADE A., DRILLON L., « Facebook : la toute puissance à l’épreuve », publié le 16 mai 2019, accessible via www.franceculture.fr